
ce billet que je vous invite à aller lire en entier.
Depuis longtemps tu fascinais, parfois jusqu’à envoûter l’Occident, par ta culture du respect des autres et de la discipline consentie, par l’art du vivre ensemble, par tes avancées technologiques, par la beauté de tes paysages…
Ton peuple a vu la guerre détruire en un instant deux belles villes avec leurs hommes, leurs femmes et leurs enfants, au mois d’août 1945, victimes d’une nouvelle alchimie de l’atome fissionné et de la mort instantanée.
Mais il restait ta particularité, la grâce de tes montagnes érigées au milieu de nulle part, celle de tes campagnes verdoyantes, si joliment louées par Miyazaki, et les villes futuristes qui te font osciller entre passé et modernité.
Pays adoré, tu sais pourtant rester discret et subtil…
Il fallut une autre catastrophe pour que le monde se souvienne de toi. Comme à Kōbe en 1995, tu es revenu à la une de l’actualité, mais cette fois, à Fukushima, et les conséquences seront tout autres.
Lorsque la catastrophe de mars 2011 est survenue, Japon, tu as occupé la première place dans l’actualité, avec des images choc qui faisaient frémir et des chiffres toujours plus terrifiants.
Puis, comme si tout était résolu, tu es redevenu discret. De nombreux pays n’ont plus parlé de la catastrophe, n’ont plus parlé d’aide.
A l’empoisonnement de tout un pays et d’un peuple, voilà qu’on semblait préférer les imbéciles batailles d’ego de quelques personnages lancés dans une course aux voix pathétique pour telle ou telle élection dans tel ou tel pays.
Serait-il cynique de se demander si, dans l’éventualité d’une semblable catastrophe en Europe, en Inde, en Chine ou aux Etats-Unis, les médias des autres pays s’en désintéresseraient aussi vite ?
Si les victimes en seraient aussi rapidement oubliées ?
Nous ne voulons pas croire que l’égoïsme et l’amour maladif du profit auront un jour raison de notre humanité.
Que pouvons-nous faire, maintenant ? Pour ceux qui, depuis des années, rêvaient de te découvrir, Japon, cela deviendra de plus en plus difficile.
Aujourd’hui, 582 jours après Fukushima, tu vacilles encore plus entre tes paradoxes.
Au printemps, quand reviennent tes cerisiers, les rossignols chantent, bercés par l’invisible poison d’une radioactivité incessante.
Tes enfants apprennent à compter en micro-Sieverts, tes sols, tes rivières et tes poissons regorgent de Becquerels…
Combien de ces kystes thyroïdiens, déjà si nombreux, dégénéreront en cancer ?
Japon, dis, que vas-tu devenir ? Qu’allons-nous devenir ?
En attendant, pays bien-aimé, tu t’enlises en silence.
Les dégâts de la contamination radioactive continuent inexorablement, et les séquelles seront irréversibles.
Nos gouvernements et les médias ont minimisé les lourdes conséquences de l’accident nucléaire, même si cette immense catastrophe marquera à jamais l’histoire humaine.
Cette situation inédite nous effraie, nous, citoyens du monde.
Tu fais face, Japon, à une profonde crise historique.
Comment toi, petit pays sismique, as-tu pu te doter de 54 réacteurs nucléaires qui sont autant de bombes à retardement ?
Si un gros séisme se produisait à nouveau, si l’une de tes piscines de désactivation s’effondrait, si une nouvelle centrale explosait, alors ce serait sûrement ta fin, et peut-être même bien plus que cela.
Ô Japon, nous ne devons jamais plus laisser faire un autre Fukushima, nulle part, jamais.
Nous ne pourrons pas vaincre la Nature, quand bien même nous y mettrions toutes nos forces.
C’est une grave erreur de penser que l’humanité peut tout contrôler par des avancées scientifiques qu’elle ne maîtrise pas complètement.
C’était un acte d’orgueil insensé que de regarder la nature de haut et de construire tant de centrales nucléaires sur ce poisson-chat géant mythique !
Car c’est bien ainsi que vos Anciens voyaient les séismes, n’est-ce pas ? Ils croyaient que d’immenses poissons-chats secouaient la terre.
Les poissons-chats qui secouent notre planète aujourd’hui, c’est le nucléaire.
La réalité, ce n’est pas que « l’énergie nucléaire a favorisé notre développement » mais bien plutôt que « nous tous, bercés par notre ignorance et notre passivité, nous avons favorisé le développement du nucléaire. ».
Etait-ce donc cela, l’Atome pour la Paix ?
Avant Fukushima, presque tout le monde s’accordait pour dire que nous avions besoin de centrales nucléaires afin de développer et de soutenir notre économie.
C’est toujours la population, ce sont toujours les enfants qui souffrent, au bout du compte.
La force que nous avons, en chacun de nous, peut devenir une très grande force si nous nous unissons !
Ce qui compte maintenant, c’est de protéger l’avenir de tes enfants, l’avenir de nos enfants, l’avenir de tous les enfants de la terre !
Stop au silence, stop au nucléaire, partout sur la Terre !
Nous voulons le dire au monde entier: ne laissez pas se répéter l’horreur d’une catastrophe nucléaire !
Et nous, citoyens du monde réunis en cette journée du 13 octobre 2012, qui nous exprimons dans une multitude de langues avec le même message disons aux côtés de nos amis Japonais:
On pourrait égréné une longue liste de “maladies” de la civilisation qui tue la population. Surtout les populations les plus démunies :
-l’huile de palme avec l’expropriation de petits paysans, l’obligation de travailler sur leurs anciennes terres en monocultures non vivières, payés trois fois rien
– les OGM avec tout ce que cela comporte
– les chinois qui s’approprient les terres cultivables de l’Afrique et de l’Amérique latine, contraignant de nombreuses populations à la misère et la famine.
– les lois faites sous la pression des grands groupes semenciers, supprimant la possibilité faite aux paysans, depuis toujours, de semer leurs propres semences, ce qui va encore appauvrir les plus pauvres.
Le monde est dominé par la finance….La plus grand plaie du XXIème siècle.
Je suis globalement d’accord pour élargir le propos aux autres “maladies” qui tuent les peuples du monde entier et pour pointer du doigt la responsabilité de la finance. Il me semble cependant important de bien rappeler la spécificité du nucléaire : les autres pestes tuent à petit feu. Le nucléaire aussi mais il peut également tuer d’un coup des milliers, voire des millions de personnes. Un accident nucléaire a non seulement un impact à long terme mais un effet immédiat et terrifiant. C’est pourquoi il faut s’obstiner à demander un arrêt immédiat. A danger immédiat, arrêt immédiat. “On ne peut pa”s me répondra-ton. On ne peut pas mais on doit. Il y a urgence avant la catastrophe.
Autre nuance : ne pas oublier que le programme électronucléaire français a été conçu à des fins militaires. Derrière chaque centrale, il y a le plutonium des bombes, derrière chaque centrale vendue à l’étranger, la possibilité de produire la bombe. C’est ce qui donne un statut particulier à cette plaie qu’est le nucléaire : la responsabilité de la finance, oui, mais le poids de l’armée et de la stratégie de défense est aussi écrasant.
Bel article…je suis bien sûr anti-nucléaire bien qu’à la minute, ma connexion semble en dépendre puisque d’après edf c’est 85 % de notre énergie..