C’était hier, Notre Dame des Landes, la manifestation de réoccupation, voilà, c’est fait. Nous avons beaucoup marché, toute le journée, et grâce notamment à une organisation impeccable, tout s’est passé dans la sérénité. Pas l’ombre d’un agent des forces de l’ordre… Je ne suis pas naïve, je me doute qu’il se trouvait quelque part des CRS prêts à intervenir et probablement, dans le cortège, des flics en civil, mais rien de visible. Et pas l’ombre d’une petite lacrymogène ; la violence serait-elle réservée aux jours où il n’y a qu’une poignée d’occupants à expulser ?
J’ai été impressionnée par le très grand calme du cortège, par l’ambiance extrêmement paisible et bon enfant. Les participants étaient très divers, en âge (depuis les enfants jusqu’aux anciens), en provenance (si j’en crois les plaques d’immatriculation que j’ai croisées), en appartenance politique… Peu de drapeaux de partis ou de syndicats, pourtant, juste un badge ici ou là. La neutralité était plutôt la tendance dominante. Tous unis devant une seule bannière : l’opposition à ce projet inepte.
Se pose la question du nombre de manifestants. Outre le fait que certains médias comme France Inter se sont ridiculisés en annonçant deux mille personnes, la préfecture annonce 13 500 et les organisateurs, en fin de journée, 38 mille. La vérité est probablement entre les deux, évidemment, mais plus proche de 30 mille à mon avis. Quand un cortège met cinq heures à passer devant un point donné, c’est qu’il y a plus de quinze mille personnes. Si on envisage cinq mille personnes à l’heure (le cortège était serré) au minimum, on peut tabler sur 25 mille, me semble-t-il.
Cela étant dit, au delà du nombre, on peut surtout retenir que cette manifestation est un incontestable succès par l’ampleur de la mobilisation qu’elle a suscitée.
Quant aux célébrités politiques, ne croyez pas ceux qui disent qu’elles font de la récupération. Elles ont été tellement discrètes que je ne les ai pas vues (j’étais pourtant presque en tête de cortège)… et aucune d’entre elles n’est montée à la tribune. Ceux qui ont pris la parole, ce sont des membres des collectifs divers qui se trouvaient ici, soit comme acteurs principaux, soit en soutien. J’ai bien croisé Aurélie Trouvé, ainsi que “mon” député, mais aucun d’eux n’a officiellement pris la parole. Ils étaient là, c’est tout. C’est une façon plutôt bizarre de “tirer la couverture à soi”, non ?
Et puis ? Affaire à suivre. L’inutilité et la nocivité de ce projet sont maintenant établies, la falsification des données ayant servi à l’étayer aussi, la meilleure solution serait donc de le remettre sur la table avant de l’enterrer purement et simplement. Reste à savoir si nos gouvernants sauront considérer que l’intérêt du plus grand nombre est plus important que de servir la soupe à une multinationnale qui se fiche des populations et de l’environnement.
Post-scriptum : En guise de conclusion, un lien vers un article de Jean Gadrey pour Alternatives Economiques et un reportage d’Hervé Kempf qui était sur place.