Avant de commencer une formation qui m’a amenée à être une heureuse ingénieure, j’ai travaillé plusieurs années comme technicienne au contrôle laitier. J’y ai vécu beaucoup de moments forts, dont certains que j’ai bien envie de raconter. Mais comme ce métier est peu connu, je vais expliquer d’abord en quoi il consiste, ce qui m’évitera de perdre mon lecteur en route.
Contrairement à ce que l’appellation classique peut laisser supposer, le contrôleur laitier (Pour bien faire, on doit dire « technicien au contrôle des performances »), ne vient pas du tout contrôler le respect des réglementations, la propreté du lait ou d’autres choses dans ce genre. Et il n’est pas le flic de l’éleveur, non, au contraire, il est même très attendu.
Le contrôle laitier consiste essentiellement en trois choses :
1) Mesurer (on dit “peser”) la quantité de lait produite par chaque vache ;
2) Prendre un échantillon qui sera ensuite analysé au laboratoire pour mesurer la quantité de protéines, de matière grasse et de globules blancs qu’il contient (et cela, pour chaque vache, dix ou onze fois par an) ;
3) Conseiller l’éleveur.
Le contrôleur est donc un des spécialistes qui gravitent autour d’un élevage, avec l’inséminateur, le vétérinaire, etc. Il apporte un regard extérieur et une aide, à ceux qui le souhaitent ; le contrôle n’est en effet pas obligatoire. Il est payant, mais en partie remboursé par la coopérative qui achète le lait. Chaque contrôleur est en charge d’un secteur géographique d’une trentaine d’éleveurs, chez qui il va contrôler une fois par mois. En fonction du type de contrat choisi, le contrôle se fait soit sur une traite (le matin ou le soir en alternance), soit sur deux traites (un soir et le matin qui suit). Et pour ce qui est du conseil, l’éleveur choisit d’en avoir un peu, beaucoup ou pas du tout. En fonction des régions et des types de production, le contrôle de performances est organisé selon des modalités un peu différentes, mais fondamentalement, ces principes sont les mêmes de partout. Les résultats servent aux éleveurs pour “piloter” leur exploitation et aussi pour la sélection des taureaux reproducteurs.
Sur la photo, la “panoplie” du parfait petit contrôleur : des flacons, un pichet, un seau, une balance pour peser le lait au seau, un formulaire nommé “liste de pesée”, un préleveur (devant) et sur la droite, le truc bizarre, c’est un compteur à lait.
C’était la séquence “orientation professionnelle : ces métiers méconnus” !
Moi, j’avais une seringue à bout rond, pré tarée pour ne remplir que la moitié du flacon ! vu que le voisin chez qui je pesais faisait le matin et le soir…