Monsieur Bourguignon m’écrit (et je lui réponds)

Monsieur Bourguignon m’écrit… ou quelqu’un qui prétend être lui. Il est facile de laisser un commentaire en disant “Je suis Claude Bourguignon”, c’est invérifiable.

Vous qui avez laissé en bas de ce billet une copieuse tartine de commentaires, supposons pour les besoins de la démonstration que vous soyez effectivement Claude Bourguignon. En vérité j’en doute très sérieusement mais si vous êtes un usurpateur, vous êtes probablement un admirateur du sus-nommé qui a cru bien faire et cela ne mérite pas moins une réponse.

Avant tout, merci d’avoir pris le temps d’écrire aussi longuement. Même deux ans et demi après sa publication ce billet reste un des plus lus sur ce blog, donc je suis sure que vos réponses intéresseront les lecteurs qui s’attardent parfois ici.

Je vais essayer de reprendre les choses dans l’ordre :

– Vous me reprochez de parler anonymement. Vous confondez anonymat et pseudonymat. Je ne suis pas anonyme. J’ai un nom -Philomenne- que d’ailleurs vous utilisez à plusieurs reprises. Ce n’est pas le nom que m’ont donné mes parents, c’est un pseudonyme, un nom “de plume”. Beaucoup d’écrivains, bien plus illustres que moi, ont écrit sous un nom qui n’était pas le leur et parfois pour les mêmes raisons que moi : séparer leur vie d’écrivant de leur vie privée et professionnelle (Erik Orsenna, par exemple, pour m’en tenir à un contemporain). Vous regrettez de ne pas connaitre mon vrai nom ? Je ne vois pas ce que cela changerait. Je ne suis pas connue, nous ne sommes pas amenés à nous rencontrer, il ne vous dirait rien. Rien de plus, ou même encore moins, que Philomenne.

– J’aurais dû aller vous parler à la fin de la conférence. J’en conviens. Mais outre le fait que la séance de questions, rappelez-vous, a tourné au désordre (des spectateurs qui partaient alors que d’autres posaient encore des questions), j’étais occupée à digérer ma stupéfaction. Et je ne suis pas rapide, ni capable de réagir spontanément. J’avais besoin de réfléchir à ce que je venais d’entendre avant de savoir ce que j’en pensais. Je suis quelqu’un de lent, c’est comme ça.

– Concernant votre réponse sur les chénopodes, je ne suis plus certaine, en effet, de l’élément que vous avez cité (mais ce n’est, quoi qu’il en soit, pas ce point que je contestais). Il est dommage que vous n’ayez pas profité de votre commentaire pour rectifier… Tout d’abord nous aurions tous appris quelque chose et ensuite, j’aurais peut-être un peu moins douté que vous soyez effectivement C. Bourguignon.

– Sur votre départ de l’INRA, j’ai cité les deux points de vue : le vôtre et celui des personnes de l’INRA, auquel je n’ai jamais prétendu adhérer. Je n’ai pas pris position, si ce n’est en soulignant la discordance entre les deux discours. On est très loin de la diffamation.

– Je n’ai jamais dit ni considéré que votre conférence soit “catastrophique”. Et, au risque de me répéter, je suis d’accord sur le fond : quand on traite les sols n’importe comment, on diminue leur fertilité et leur qualité (agronomique et écologique). Ce que je conteste, c’est la forme, le discours mortifère qui endort les consciences et paralyse l’action. D’autres, au 19ème siècle, tenaient déjà un discours alarmiste ? Et on en est encore au même point ! C’est bien la preuve que les discours alarmistes sont inopérants et qu’il est temps de changer de manière de procéder. Arrêter de brandir le spectre de la mort, être modéré dans ses propos, expliquer, montrer ce qui marche, encourager… C’est aussi d’un point de vue lexical qu’il faut changer de paradigme.

Par ailleurs, ce discours alarmiste produit un effet “gourou” que je trouve pernicieux. En témoigne l’impossibilité pour vos “fans” d’accepter que l’on remette en cause, même de manière argumentée, la Parole du Maitre. Aucune critique, aucun débat n’est possible.

Et dans d’autres cas, certains qui vous ont écouté autrefois ont ensuite pris leurs distances pour partir vers d’autres horizons plus modérés.

– Concernant le profil cultural, j’ai bien vu que vous le rafraichissiez de haut en bas. Mais vous le faites aussi de droite à gauche alors que manifestement vous êtes droitier (donc vous devriez le faire de gauche à droite). Ce geste est nettement visible sur la vidéo et aucun montage n’y peut rien.

Sur l’origine de cette méthode, merci d’avoir repris l’historique que je ne connaissais en effet pas dans sa totalité. Mais si je parlais de Gautronneau et Manichon, c’était surtout pour préciser à ceux qui le croient que vous n’êtes pas l’inventeur de cette méthode (une croyance qui ne vous est pas imputable, je précise).

– Les choses commencent à se gâter véritablement quand vous frôlez le point Godwin en comparant Christian Walter à un résistant de 1945. Je laisse le lecteur apprécier. Si vous n’êtes pas Claude Bourguignon, vous ne lui avez pas rendu service en écrivant cela. Si vous êtes Claude Bourguignon, vous descendez encore dans mon estime. Au delà du caractère malsain de la comparaison, s’il est effectivement vrai que Christian Walter ne parle pas de qualité des sols depuis trente ans mais seulement depuis une dizaine d’années, vous devriez vous réjouir de son revirement : formidable, vous avez été entendu ! Enfin ! C’est bien pour cette raison que vous faites des conférences, non ? He bien, apparemment, non. En fait, toute personne qui se rallie aujourd’hui à votre point de vue s’expose à la critique de ne pas y être venue plus tôt… Ce qui me laisse à penser que votre objectif est moins de convaincre que de conserver votre pré carré et vos admirateurs.

– On atteint le comble du sordide et le point Godwin pour de bon avec les deux derniers commentaires. Dans le fond, j’espère vraiment que la personne qui les a postés n’est pas Lydia Bourguignon 1. Confondre non seulement anonymat et pseudonymat (voir ma réponse plus haut) mais aussi critique et dénonciation… On est tombé profond dans l’abject. Et le problème, c’est qu’il y a là de quoi discréditer la totalité des propos précédents. Quand on en vient à ce genre d'”arguments”, c’est soit qu’on ne supporte pas la critique, soit qu’on n’a pas d’argument fondé.

Bref, je vous remercie encore d’avoir pris le temps d’écrire longuement et de donner quelques détails supplémentaires sur votre parcours mais en ce qui me concerne, je garde ce sentiment de malaise qui m’interdit d’adhérer sur la forme.

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Notes:

  1. Je note cependant que les commentaires postés par “Claude Bourguignon” et par “Lydia Bourguignon” proviennent de la même source : adresse IP identique

22 comments for “Monsieur Bourguignon m’écrit (et je lui réponds)

  1. dorigord
    16 août 2014 at 13 h 54 min

    Bonjour Philo,

    C’est curieux cette réponse de Claude et Lydia Bourguignon, elle ne sonne pas vrai, comme toi, tu l’as ressenti. Ce besoin de se justifier pour tout l’historique de sa démarche est curieux aussi.
    Il cite bien Lucien Séguy, mais ne dit pas que lui, était un précurseur (sans doute pas le premier, mais ça je ne sais pas) dans la démarche, cela remonte à plus de 40 ans quand il est parti d’abord en Afrique, puis en Amérique du Sud, alors qu’il avait débuté un peu en France.

    J’approuve tout à fait ta réponse

    • Philomenne
      16 août 2014 at 16 h 00 min

      Merci pour ton commentaire, Dorigord. Je reste dans le doute également. Pas tellement à cause du besoin de se justifier, d’ailleurs, mais à cause de l’adresse IP qui est incohérente. Mais d’un autre côté, on m’a dit depuis la publication de ce billet que les mêmes propos avaient été publiés sur la page facebook de Claude et Lydia Bourguignon (n’y étant pas inscrite moi-même, je n’ai pas pu aller voir). Ils atteignent donc le point Godwin également sur leur propre page. C’est consternant et ce n’est pas à leur honneur.

  2. isa
    17 août 2014 at 10 h 35 min

    Je n’ai pas lu l’intégralité des commentaires, mais ça m’a mise carrément mal à l’aise..

    Je ne ferai pas plus de conclusions..nous avons aussi assisté à une conférence récente et avons été déçus..

    • Philomenne
      17 août 2014 at 20 h 00 min

      Je me doute qu’en tant que pratiquants du non labour et des TCS, vous trouvez difficilement votre compte dans ce genre de discours…

      • isa
        17 août 2014 at 10 h 47 min

        La page facebook des Bourguignons est publique, tu peux donc y accéder.

        Ici on se rend compte après plus de 10 ans de pratiques respectueuses des sols, que rien n’est jamais acquis, on tâtonne, les pratiques évoluent, mais il faut du temps et de l’expérimentation personnelle, et on n’en est pas au bout, la satisfaction : que notre fils sorti de l’école il y a 2 ans adhère à la méthode, et ce n’était pas gagné!

  3. 18 août 2014 at 13 h 42 min

    Bonjour Philomène,

    Je fais partie de ces gens qui lisent votre blog depuis longtemps (des années ?) mais n’ont jamais pris le temps de vous dire que si nous lisons toujours ce que vous écrivez, c’est qu’on trouve ça très bien: sincère, juste, humain, bien écrit et intéressant. 😉

    J’avais lu, en son temps, votre billet sur la conférence de Claude Bourguignon, à laquelle vous avez assisté et sur son livre, que vous avez lu. Ce n’est pas mon cas, et je ne connais M. Bourguignon qu’à travers ses expressions médiatiques, relayées sur internet.

    A la lecture de votre billet, je me souviens très bien m’être fait la réflexion que, somme toute, vous mettiez des mots sur un sentiment personnel que j’éprouvais de manière diffuse, sans m’être plus questionné sur ce qui me mettais, moi aussi, mal à l’aise dans le ton et la forme de ses interventions publiques.

    Après avoir bien pris soin de relire votre billet ancien, ainsi que tous les commentaires intervenus brutalement et en masse à sa suite ces derniers temps (!), je me permets de faire ici quelques commentaires :

    – dans la mesure où certains des commentaires signés Claude et Lydia Bourguignon sur ce blog sont, en effet, repris sur la page Facebook « Lydia Claude Bourguignon » (j’ai vérifié) et qu’il ne semble pas contesté, à ma connaissance, que ce soit bien la leur, il me semble, Philomène, que nous pouvons tenir pour acquis qu’ils sont bien les auteurs de ces commentaires.

    – sur la question de l’anonymat, dont M. Bourguignon vous fait reproche : il est heureux qu’il reconnaisse lui-même qu’il n’y connait rien aux blogs et pas grand chose à internet. Il ignore donc manifestement que vous n’êtes pas du tout anonyme sur internet, du moins pour qui possèderait une raison valable d’obtenir votre identité (par exemple: un juge saisi d’une plainte sérieuse). Il ignore donc tout aussi clairement que ce n’est pas parce qu’il signe son commentaire de son nom que ça vous apporte pour autant la moindre garantie qu’il serait, lui, moins anonyme que vous sur internet !

    – Il y a dans l’utilisation de cet argument de l’anonymat quelque chose de très désagréable. Il s’agit d’un argument purement rhétorique, basé sur des faits faux, utilisé dans le but de discréditer son interlocuteur avec le sous-entendu déplaisant que signer de son nom (avec toutes les réserves précisées ci-dessus) serait de sa part une sorte de courage affichée face à votre couardise…

    – je partage donc, Philomène, votre sentiment que les « réponses » que vous apporte ici Claude Bourguignon relèvent beaucoup plus de la rhétorique, appliquée à la défense de sa réputation publique, que d’une argumentation rationnelle sur une question scientifique.

    – la teneur des commentaires des « défenseurs » de Claude Bourguignon sur votre blog me laisse également dubitatif sur l’aspect fan-club « gurutisé », que l’on sent s’y exprimer. Ce qui ne contribue pas peu à accroitre mon propre malaise à propos du personnage…

    – un dernier mot sur la menace, plus ou moins voilée, que vous fait Claude Bourguignon de saisir la justice à propos de ce que vous écrivez sur les conditions de son départ de l’INRA: je trouve ça également assez déplaisant, dans la mesure où vous vous bornez à signaler qu’il a bien existé un conflit entre M. Bourguignon et l’INRA au sujet de la manière de qualifier son départ, ce que Claude Bourguignon ne cesse lui-même d’écrire dans sa réponse.

    Bref, tout ça pour dire que je partage les doutes que vous avez manifestés dans votre premier billet, et que ce nouvel épisode ne fait que – grandement – me confirmer dans mon opinion !

    • Philomenne
      18 août 2014 at 20 h 00 min

      Merci beaucoup pour ce premier et long commentaire. Il est très agréable de voir les lecteurs silencieux prendre la parole. Et merci pour votre assiduité. Je suis toujours un peu surprise qu’on me lise et ma foi, honorée, bien sûr.

      Pour le reste, je n’ai pas grand chose à ajouter, si ce n’est que je partage entièrement votre analyse. Plusieurs personnes qui m’ont contactée ces derniers jours sont allées, comme vous, voir la page FB de Lydia et Claude Bourguignon et ont confirmé que certains commentaires postés ici y sont repris mot pour mot, ce qui rend donc leur identité incontestable.

      Je trouve navrant qu’une des voix les plus écoutées en France sur les thèmes du sol et de l’agronomie soit celle de quelqu’un qui a tellement perdu le sens des réalité qu’il se se compare sans trembler aux juifs et aux opposants politiques qui ont été déportés et assassinés pendant la guerre. C’est outrancier et indécent.

  4. 18 août 2014 at 13 h 51 min

    Je vous pris humblement de m’excuser pour toutes les fôtes d’orthographe et de grammaire qui parsèment mon commentaire précédent, ce dont je m’aperçois, horrifié, en le relisant après l’avoir publié, alors que j’aurais dû le relire… avant. 🙁

    • Philomenne
      18 août 2014 at 20 h 10 min

      Mince, j’ai beau chercher, je n’en trouve pas…

  5. Jean-François Kuntz
    12 septembre 2014 at 2 h 22 min

    Bonjour à toutes et tous,

    Tout d’abord merci pour ces deux billets ainsi que leurs échanges que je trouve très intéressants de par la diversité des réponses et la pertinence de certaines analyses (en particulier bien sûr ceux de Philomène, de Claude Bourguignon ainsi que celui de Narvic.

    J’ai fini par comprendre qu’en fait, tout le monde se trompe. Je m’explique.

    Je ne connais ce blog que depuis hier soir notamment en recherchant des sujets sur Claude Bourguignon et j’ai été très intrigué quand j’ai vu le titre du sujet sur la page du moteur de recherche. Je ne m’attendais pas à ce que quelqu’un, qui m’a semblé être de bonne foi, soit aussi sceptique envers Claude Bourguignon. Je dois avouer que la lecture de ce billet m’a mis mal à l’aise car je fais partie de ces gens qui respectent beaucoup le personnage à la fois pour son savoir mais aussi sa méthode de communication et d’action. Merci d’ailleurs de nous rappeler qu’il faut toujours se méfier des mauvais automatismes qui consistent à accorder une vérité absolue à la parole de quelqu’un que l’on admire, c’est quelque chose qui dérape très vite même quand on est prudent.

    J’ai eu beau le relire une deuxième fois ainsi que les commentaires qui s’en sont suivis, et toujours ce sentiment de malaise… J’ai ravalé ce sentiment en tentant de le décrypter. La question que je me suis posée était « Pourquoi ces gens qui servent une même cause sont fondamentalement opposés jusqu’à se discréditer l’un et l’autre ? » (Que cela soit avec des arguments plus ou moins valables de chaque coté). On arrive très vite à la lecture de vos commentaires à tous les deux à une finalité assez triste : d’un coté une hypothèse assez blessante fondée sur un raisonnement logique, de l’autre l’argument de l’anonymat, un peu rapide, et certainement invoqué suite à un agacement grandissant. Bref, on est tous humains.

    Je ne pouvais m’empêcher d’être d’accord avec l’un et l’autre. Votre sentiment à l’égard de la conférence de C.Bourguignon ainsi que votre analyse, Philomène, est justifiée si l’on s’en tient à ce que vous attendez d’un scientifique qui présente son travail : un discours précis, analytique, nuancé, dépourvu de sentiment personnel qui viserait à influencer l’auditoire. Et il est vrai que Claude Bourguignon n’a pas tenu cette posture du scientifique qui s’adresserait scientifiquement à ses semblables, c’est tout à fait contestable et cela à été décevant pour beaucoup de gens comme vous. Puis les commentaires qui s’en sont suivis étaient en quelque sorte un affrontement des pour et des contre avec des caractéristiques très marquées des deux cotés.

    J’ai alors pris conscience d’une chose que j’aimerais vous faire partager si ca ne vous parait pas déjà évident. Je sais que cela peut paraître un peu réducteur dit comme cela :

    Il y a deux types de personnes en termes de conviction.

    Il y a les êtres de raison qui fondent leurs convictions sur des preuves scientifiques, par des arguments et un vocabulaire précis, en analysant un détail sous toutes ses faces. Puis il y a les êtres de foi caractérisés par un besoin de faire bouger les choses, et qui fondent leurs convictions par l’observation d’une globalité et dont l’approche est systémique. Dans l’ensemble des échanges via les commentaires, on distingue clairement ces deux natures très différentes, l’une construisant un discours posé, prudente quand à l’identité de « l’accusé » qui s’exprime ainsi qu’aux réactions vives et spontanées des gens qui partagent la même vision que ce dernier.

    Ce qui est formidable chez tous les deux, c’est que vous incarnez merveilleusement bien ces deux figures. Et ce qui est regrettable c’est que vous ne pouvez vous comprendre l’un et l’autre. Je ne pense pas que l’un ait plus raison ou tort, vous avez parfaitement le droit d’exprimer votre point de vue sur la forme de cette conférence jusqu’à ce que chacun porte un coup mettant en doute l’intégrité de l’autre.

  6. Jean-François Kuntz
    12 septembre 2014 at 2 h 23 min

    De ce fait, il est facile d’en arriver à mépriser la conviction de l’autre «type » qui apparaît comme de l’imposture, de la rhétorique, ou de l’ineptie, car non seulement je suis persuadé qu’il est impossible de comprendre l’autre, mais de surcroît on ne peut être les deux en même temps. Il est naturel alors de se détourner de l’autre en mettant un point final à tout cela et c’est une erreur ! Mais alors comment faire ?

    Revenons d’abord à Claude Bourguignon. Il a le sentiment que la situation est critique et il est convaincu, par expérience, qu’il est nécessaire d’alarmer les gens, d’éveiller les consciences, pour qu’un réel changement s’opère. Et quitte à emprunter des raccourcis pour arriver à ses fins. Parfois, un bon coup de pied dans la fourmilière est nécessaire. Il est vrai que de la bouche de quelqu’un qui a de mauvaises intentions cela est extrêmement dangereux. Mais quand tu vois quelqu’un qui parle, qui regarde avec ses tripes, spontanément, sans carapace sociale et sans langue de bois – quand tu vois tout le travail, le parcours et le combat du personnage, ainsi que les anecdotes glissées entres les phrases (qui démontrent bien chez lui une vision globale de la vie et de ses enjeux, « tout est lié » comme il le dit souvent), alors on « sent » chez lui, et c’est là où ça échappe à la raison, une conviction profonde qu’il faut se battre pour préserver la vie qui ne peut te laisser impassible. Ce sentiment, soit il t’est transmis soit tu le rejettes selon la nature de ta conviction. D’ailleurs il est fort probable que l’on retrouve ces deux natures dans n’importe quelle profession, de la plus artistique à la plus pragmatique.

    Souvent la Foi est plus forte que la Raison, mais il n’y a rien de plus faible qu’une Foi sans Raison.

    Je ne cite personne… ça sort des tripes et vous aurez compris de quel type je suis ;p. Blague à part, nous avons tout à y gagner à coopérer les uns et les autres. Je sais que c’est difficile mais plutôt que de chercher à se mettre d’accord malgré nos différences, il est nécessaire tout d’abord de reconnaître sa propre ignorance afin de laisser l’autre agir pour nous prouver qu’il a toute sa raison d’être. Puis s’en remettre à l’autre dans les moments de faiblesse et faire place à la confiance plutôt qu’à la méfiance systématique est une nécessité si l’on veut éviter des conflits inutiles qui aboutissent au point Godwin et bien pire encore. On pourrait penser que je parle d’une relation de couple… qui sait, il y a peut être une quelque chose à creuser là-dessous.

    Je ne sais si ca apporte une solution à cette « fracture ». De même qu’il en a été pour moi, j’espère vous avoir transmis un petit quelque chose mais sincèrement je vois les choses très différemment grâce à vous. Merci à toutes et tous.

    Amicalement.

    JFK

  7. Florent Le Mélinaire
    28 octobre 2014 at 14 h 40 min

    Bonjour,

    J’avais lu le premier article “Je ne suis pas fan de Claude Bourguignon” il y a quelques mois et je me permets de commenter celui-ci, surtout pour le commentaire de JFK juste au-dessus. Commentaire qui des deux articles est loin d’être le plus intellectuel, mais qui est le plus intelligent, pour moi.

    Je souligne, parce que c’est important de dire que je suis une personne qui ne connait pas grand chose à l’agriculture et encore moins au sol. Un débat scientifique sur le sol et la plupart d’entre vous me dégommez en 10 secondes. Donc mon com aura la crédibilité que vous lui donnerez.

    Mais c’est pour ça que j’essaie de m’intéresser et d’apprendre. J’ai d’abord comme beaucoup, vu le film-documentaire de Coline Serreau. J’ai apprécié entre autres les Bourguignon, j’ai acheté leur livre que j’ai trouvé bien écrit dans le sens, abordable pour moi qui ne m’y connait pas trop, vous avez d’ailleurs fort bien résumé que le bouquin présentait de bonnes bases. Du coup, pour un mec comme moi, ça m’a permis ensuite de chercher à creuser davantage, dans d’autres bouquins sur le sol, la biologie, la chimie, etc… (ça m’a d’ailleurs amené entre autres à l’aromathérapie, mais c’est pas le sujet). De la même façon, à des sites internet et/ou blog comme celui-ci, où j’ai appris de nombreuses choses. Un grand merci pour ça au passage. 😉

    Comme le dit JFK, au final vous êtes du même côté, vous partagez une même passion pour la nature, l’environnement, la Terre et le sol, pour une cause qui au-delà d’être belle est avant tout vitale. Que ce soient les Bourguignon ou vous, vous aurez chacun à votre façon apporté une pierre à ma modeste compréhension de tout ça. 🙂

    Sur le fond, j’aime bien les Bourguignon. Claude B. expose bien les choses, un bon bagou, concis et concret et si je veux des précisions ou un avis différent, rien ne m’empêche d’aller voir ailleurs. Que ce soit avec lui, ici ou ailleurs, je prends le plus intéressant et constructif et les choses moins biens, je “m’en fous” un peu, peut-être à tort, j’en sais rien. Le sol n’est pas “n’importe quoi” et j’essaie de ne pas me précipiter, mais dans cet échange “on se tape dessus”, j’ai rien appris me permettant d’avancer tout court.

    OK, il n’est pas parfait et sur la forme comme vous dîtes, ce bagou dont je parlais et ce côté alarmiste (qui a aussi le mérite d’interpeler), me saoulerait je pense assez vite si j’étais à table avec lui. Mais comme vous avez répondu à un com dans le 1er article:

    Bon. Et alors ?

    Je retiendrais effectivement plus facilement le nom de Bourguignon qu’un autre, mais jamais je n’oublierais que dans de nombreux endroits dans le monde, des gens dont on entendra jamais parler, œuvrent également et efficacement à une agriculture plus raisonnée.

    Au final, je suis content qu’il existe des personnes comme vous et les Bourguignon, qui à leur façon, précises, moins précises, connues, peu connues, faisant un peu ou beaucoup, aident à changer les méthodes et mentalités.

    En tout cas pour moi, ça a marché ! Merci à vous.

  8. David
    9 janvier 2015 at 9 h 04 min

    Pour alimenter un peu le sujet, je tiens à indiquer que Philomenne m’a fait découvrir les Bourguignons.
    Après recherche, je suis rapidement arrivé à une conclusion similaire à la sienne.
    Comme avec d’autres auteurs, j’ai pas accroché.
    Son discours est très négatif, mais si vous voulez du positif, veuillez faire appel à mes services.

    J’ai également lu sa réponse.
    Déjà, son cv, j’en ai rien, mais alors rien a secouer. Je ne suis pas un client à convaincre par le CV, mais un lecteur à convaincre par des arguments concrets.
    Ensuite, je pense que peu de lecteur ici présent ignorent l’état de la situation. Je pense au contraire qu’un grand nombre sont au courant, et agissent (à des degrés différents selon les personnalités, les possibilités, et les volontés de chacun).
    Donc nous baratiner avec “c’est la catastrophe”, STOP! C’est du déjà entendu.
    D’ailleurs, ma génération entend l’état de catastrophe depuis sa naissance. Sauf que tout les 3 à 5 ans, la cause change. Un coup le pétrole, un coup le capitalisme, un coup l’amiante, un coup le terrorisme, un coup les traders, un coup l’écologie, …
    Donc merci d’arrêter la publicité, et de passer au partage d’information. Juste histoire de faire avancer les choses.
    Car pour moi, à toujours prédire le pire, il fait partie du bruit des Cassandres ambiant. (sorte de bruit de fond)

    Pour information, par rapport à sa volonté d’aider les agriculteurs, au lieu du catastrophisme, il y a tellement d’autres approches.
    Parler des techniques alternatives, des plantes indicatrices, …
    Typiquement le cas du chénopode est un cas d’école.
    C’est une plante plutôt attiré par les sols riches en azote, donc selon le sol, sa préparation, la saison, et les prévisions de plantation, c’est bon ou mauvais signe.
    Mais autonomiser les agriculteurs feraient qu’ils ne passeraient plus par lui et donc perdrait des clients.

    Par contre au crédit des Bourguignons, je constate qu’ils publient leurs comptes annuellement. Ce qui est loin d’être le cas de toutes les petites structures.
    Même si les comptes sont simplifiés et ne permettent pas de voir ce qu’il y a derrière, c’est déjà un signe de transparence.

  9. Vincent
    8 mars 2016 at 22 h 35 min

    Philomenne > Avant tout, merci d’avoir pris le temps d’écrire aussi longuement. Même deux ans et demi après sa publication ce billet reste un des plus lus sur ce blog

    Et pour cause : si on est un citadin curieux de l’agriculture mais sans aucune connaissance du domaine, il est inévitable de croiser le couple Bourguignon dans les média ou des conférences.

    Problème : on n’invite jamais de contradicteurs, d’autant plus que les journalistes eux-même ne maîtrisent pas le sujet, et que l’idée du petit contre le gros (Monsanto, etc.) fait toujours de l’audience.
    D’autant que, si on peut éventuellement les suivre sur leurs critiques du labour ou des intrants (engrais minéraux ou phyto) trop généreusement utilisés puisque ces informations sont également communiqués par des gens plus mainstream comme Daniel Nahon ou le site sur la TCS, il suffit de les écouter un peu pour les entendre dériver vers le bio, et plus encore, la biodynamie (Steiner et al.)…

    De fait, vos articles sont apparemment les seuls qu’on trouve par quelqu’un de compétent qui offre une analyse critique de ce qu’affriment les Bourguignon. D’où le succès de ces articles sur votre blog… et leur intérêt.

  10. batmaxx
    7 mai 2016 at 13 h 12 min

    Je crois avoir trouve le fond de l’affaire 🙂

    Philomenne
    14 octobre 2014 at 20 h 00 min
    (…)Dans ce que j’observe, les discours catastrophistes, les discours qui font peur sont surtout démobilisants, et notamment pour la génération qui arrive aujourd’hui à l’âge adulte. (A ce sujet, j’ai eu récemment une discussion passionnante avec mon fils de presque vingt ans… discussion au cours de laquelle il m’a dit qu’il ne voulait plus entendre parler d’écologie parce que depuis sa petite enfance, on le « bassine » avec des discours culpabilisants, alors qu’il est né dans ce monde-là et qu’il était déjà pourri au moment de sa naissance et qu’il n’y est pour rien donc merci de s’adresser aux vrais responsables. Le tout étant dit, bien sûr, avec toute la subilité qui caractérise le discours adolescent.(…)

    Je crois que philo nous fait un transfert a la limite de la crise d’angoisse, au pretexte qu’elle a bassiner son fils pendant 20 ans avec de l’ecologie culpabilisante et que le cher petit ne veut plus en entendre parler. Elle craint pour le moral des troupes a venir 😀 au vues des succes de leurs videos les bourguignon ne bassinent personne et nous ne sommes pas des ados de 20ans.. ne fait pas de generalite du cas particulier de votre fils merci et qui sait une bonne conference des bourguignon pourrait lui remettre un peu de baume au coeur 😉

    • Philomenne
      19 mai 2016 at 22 h 59 min

      Et vous vous trouvez malin ? Vous aviez fumé quoi, avant de pondre un raisonnement aussi illogique ?

  11. yann
    1 juin 2016 at 16 h 52 min

    Le vrai problème des bourguignons , c’est que pour eux “la fin justifie les moyens”et pour moi cela les rends insuportable.
    De ce fait ils se permettent de dire des “énormités agronomique” pour faire passer leur convictions.
    Vis à vis de votre “pseudo”, c’est classique chez les anti(on ne sait plus quoi) comme technique: Pas d’argument pour contrer donc j utilise le dénigrement envers celui qui n’est pas d’accord avec mes convictions!
    Technique de “petit”…. très souvent utilisé par les environnementeurs et les escrologistes.

    Merci pour vos articles

  12. blabla
    17 octobre 2016 at 11 h 33 min

    troll 3

    • Philomenne
      17 octobre 2016 at 11 h 35 min

      Et puis en sus, si vous pouviez prendre quelques leçons d’orthographe…

  13. bourgois
    6 novembre 2018 at 11 h 20 min

    Bonjour, je viens de lire ces différents dialogues sur ou plutôt contre M Bourguignon avec intérêt. Je ne suis pas spécialiste du tout d’agriculture, de la terre ou de biologie. Je suis un internaute lambda qui intéresse un peu à la terre et à son devenir. Là, nous sommes 3/4 ans après ces dialogues. Et que c’est -il passé depuis? Des catastrophes naturelles (nombreuses inondations notamment dans des pays qui n’en connaissaient que rarement). Et l’affaire Mansanto, ça vous parle? De nombreux scientifiques ont démontré que leur produits étaient cancérigènes. En 2014 aucun de vous dans ces dialogues ne parlent de ça. Claude Bourguignon en parle depuis bien longtemps et les faits lui semblent donner raison.

    • Philomenne
      13 novembre 2018 at 0 h 35 min

      Si on passe sur l’invective, franchement pas indispensable (est-ce que vous imaginez que je vis sur une île déserte ?), je me bornerai à répéter ce que je dis depuis des années : Monsieur Bourguignon n’est pas, et de loin, le seul à parler de ces problèmes. Il y a en effet un paquet d’agronomes qui en font état et qui, en plus et contrairement au sus-nommé, proposent de solutions. Tiens, dernièrement, j’ai découvert Stéphane Cordeau, de l’Inra de Dijon. A suivre sur tweeter.

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