Elle m’attendait à la gare, cette grande fille aux longs cheveux. Elle était pieds nus. Et elle était fatiguée. Mais elle m’attendait tout de même et je n’aurais su dire qui d’elle ou de moi était la plus impatiente. Elle avait cuisiné une ratatouille, acheté du fromage, du pain ; on a parlé jusqu’à une heure avancée de la nuit. Nous faisions connaissance et j’avais déjà l’impression de la connaitre depuis longtemps.
J’ai dormi comme une marmotte. A mon réveil, elle était levée depuis longtemps, elle avait rapporté des croissants. Elle m’a emmenée en balade, elle m’a embarquée au travail, chez Madame Sans-Soucy. J’ai rempli l’abreuvoir, photographié les vaches, donné des biberons, pendant qu’elle faisait son boulot. J’ai renoué avec l’odeur délicieuse des étables de montagne, si différente de celles de plaine. J’ai plongé ma figure dans le foin vert et craquant, je me suis rempli les yeux et le cœur des images de montagne.
J’ai été impressionnée par son énergie et son perfectionnisme, par sa manière d’appréhender les vaches, exceptionnelle. Qu’elle ait une relation particulière avec les animaux 1, je le savais déjà ; il n’y a qu’à lire ses textes. Le voir est plus émouvant encore. Voir avec quelle intuition elle les aborde, avec quelle assurance elle se penche sur un veau malade, et s’apercevoir que pour elle, c’est avant tout une question de sensation. Celui-ci est trop malade pour boire, celle-là est un peu sur l’œil, celle-là est gentille mais il faut la bloquer si on veut qu’elle se laisse téter. Ses connaissances et son expérience ont du poids, certes, mais il y a quelque chose en plus. La sensibilité, le talent de saisir des signes imperceptibles, qui ont du sens pour qui sait les entendre. Ce talent qui fait dire à l’ancien “Celle-là, elle est valable”.
Je ne sais pas combien d’heure nous avons passées à bavarder, à nous raconter nos vies, à comparer nos expériences. Ces deux jours de pause hors de mon quotidien et de retrouvailles avec la montagne m’ont, qui plus est, fait le plus grand bien. Ils sont passés vite, trop vite et pourtant, ils ont définitivement changé quelque chose. Petite Vachère est sortie de la toile pour entrer dans ma vraie vie. Et c’était bien.
Au moment de se quitter, elle m’a serrée fort dans ses bras. Je n’avais pas envie de m’en aller. J’espère qu’on se reverra bientôt.
Notes:
- Tous les animaux… même les carpes. C’est dire. ↩
Un grand merci, Philomenne, de nous donner des nouvelles de “la Vachère”. Je surveillais son blog, mais rien depuis le 14 mai, alors qu’elle n’avait pas l’air d’avoir un grand moral ni une grande forme physique.
Vous avez du être très contente de vous retrouver dans la vraie vie et dans cette montagne si accueillante de la Haute-Savoie dont je garde toujours un grand souvenir de mes jeunes années.
Bises à toutes les deux.
La Vachère va bien, ne t’en fais pas. Et oui, nous avons été contentes, bien sûr. C’est même au-delà du “contente”, d’ailleurs. Bien plus que ça.
Quand internet permet de belles rencontres! on en a aussi vécu une cet été..
La prochaine fois, n’hésite pas à pousser jusqu’en Isère, nous ne sommes qu’à 6km de la gare 🙂
Je vais très régulièrement en Isère ; à chaque fois je me dis que je suis tout près de chez toi. Jusqu’à maintenant, je n’ai jamais pu trouver un créneau pour passer. Mais j’y arriverai.
Philomène, quand tu veux, nous te recevrons avec plaisir..
Ohlàlà…. Merci, merci mille fois pour cet article !!!
Ca me fait sauter un grand coup en l’air, autant au propre qu’au moral ! Merci encore… Et reviens quand tu veux !
Je reviens dès que je peux et en attendant, chez moi aussi, y a une chambre d’amis…
Contente aussi d’avoir des nouvelles de la vachère !
Heureux de prendre des nouvelles de tout le monde ! Je manque de temps pour blogger..
Et je suis la première à le déplorer, même si je conçois bien que la ferme fournit largement de quoi vous tenir éloigné de votre blog.
Une prochaine fois, j’aimerais tellement faire le PH-tour…
Avec plaisir, une prochaine fois… Sur le trajet, il suffit de faire une halte entre Paris et Lyon…