Nous n’irons plus à Notre Dame des Landes. Ou alors seulement pour nous promener. Nous n’irons plus à Notre Dame pour manifester. C’est terminé. La lutte est achevée, il n’y aura pas d’aéroport.
J’ai été inquiète jusqu’à la dernière minute. Je craignais une décision de passage en force. Et l’article, publié par le Monde le matin, annonçant que les forces de l’ordre convergeaient vers Notre Dame des Landes, n’a pas contribué à me rassurer. Et puis finalement, la nouvelle est arrivée progressivement à la mi-journée, avant même l’annonce officielle : le projet était abandonné.
Je n’arrive même pas à réaliser, après toutes ces années.
Soyons clair, cette victoire, nous la devons essentiellement à ceux qui ont eu le courage d’aller vivre sur place, d’affronter les CRS en 2012, le froid, la boue… Nous la devons également à ceux qui se sont engagés politiquement et médiatiquement ; les paysans “historiques”, les élus 1, les pilotes…
Quant aux manifestations, c’était la cerise sur le gâteau. A elles seules, elles n’auraient pas suffi, mais elles ont été un moyen de montrer que nombreux étaient les citoyens qui soutenaient ce mouvement. Et je suis fière d’y avoir participé. Depuis la manifestation de réoccupation en 2012, jusqu’au chant des bâtons en 2016, en passant par la chaîne humaine, la manifestation de Nantes en 2014 (mes premiers gaz lacrymogènes), la marche sur l’autoroute… ce projet d’aéroport nous en aura fait faire, des kilomètres à pieds !
Je ne sais pas très bien déterminer si c’est la raison, l’écologie, l’économie ou la peur de l’affrontement qui ont emporté la victoire. Mais la satisfaction est intense.
Nous n’irons plus à Notre Dame des Landes… en fait ce n’est pas vrai. Nous allons y retourner, dès le 10 février. Cette manifestation, prévue de longue date, aurait pu être un acte fort d’opposition, si le gouvernement avait décidé de réaliser ce projet malgré tout. Elle sera finalement celle de la victoire et de la suite.
A Notre Dame des Landes, j’ai laissé un beau bâton de noisetier venu de mon jardin. Et moi, je garderai mon badge, en souvenir. Je le montrerai à mes petits-enfants 2 et je leur dirai « J’y étais ».
Bonjour,
c’est effectivement une grande nouvelle.
Pour une fois un GPII est abandonné sous la pression de l’opinion, et sans drame à déplorer!