Mais qui se soucie des sols ? (partie 3)

Yvan. Avec l’accent québécois, mais les préoccupations restent les mêmes.

“Ça se mérite !” 1 Paraît-il. Même pas peur, j’ai été ravie d’affronter la nuit glaciale pour filer à Angers assister à la très attendue assemblée générale de BASE.

A sa création au tout début des années 2000, BASE signifiait “Bretagne Agriculture Sols Environnement”. Puis, après son extension dans toutes les régions de France (et jusqu’à la Belgique), le B est devenue celui de “Biodiversité”. En quelques mots et pour ceux qui ne connaissent pas encore, BASE se définit comme “un réseau d’échange d’agriculteurs et de techniciens innovants, qui mettent en œuvre l’agriculture de conservation”.

Par “agriculture de conservation”, il faut entendre principalement la réduction du travail du sol. Une réduction qui peut être drastique, puisqu’elle va jusqu’au semis direct. En bref, on pose la graine et c’est tout. Enfin, “c’est tout”… facile à dire. A faire, pas forcément, bien sûr.

Au programme de ma journée, un grand bain de foule et de…  testostérone. Plus de 300 participants, seulement une quinzaine de femmes à vue de nez, et encore, en comptant les journalistes. Preuve s’il est besoin que la répartition des tâches en agriculture reste encore très genrée : aux femmes la nursery, éventuellement la traite et le soin des animaux, aux hommes le tracteur et donc les cultures. C’est probablement dommage, mais c’est -pour le moment- la réalité.

Loran. Venu du Midwest pour parler de ses sols et de ses essais.

Au programme surtout, des conférences, des récits d’agriculteurs qui pratiquent le non labour de l’autre côté de l’Atlantique. Et encore une fois, pas de promesse de miracle, mais des échanges d’expériences, un partage de savoir-faire. Comment s’y prend Loran dans le Midwest américain ? Quels sont les essais menés par Yvan au Québec ? Et ceux réalisés par Scott dans le centre du Canada ? On compare, on se demande ce qui est applicable ici ou là, ce qui ne l’est pas, on cogite, on discute.

Quand on demande qui se soucie des sols, eh bien voilà, ils sont là 2. 300 agriculteurs venus de la France entière, en plus des 900 autres qui n’étaient pas présents mais sont aussi adhérents. 1200 membres d’une association qui est maintenant connue et reconnue dans son domaine. 1200 agriculteurs qui ont suffisamment le souci de leurs sols pour oublier ce qu’ils ont appris à l’école, bousculer leurs habitudes, chercher d’autres façons de faire. Ils ne sont certes pas assez nombreux. Ils ne font pas non plus beaucoup de bruit. Mais ils existent.

Quant à moi, j’ai passé une belle journée, j’ai ouvert grand mes oreilles, j’ai revu avec bonheur des personnes déjà rencontrées auparavant, fait de nouvelles connaissances, et appris bien des choses, une fois encore. C’était bien, quoi.

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Notes:

  1. Mon chat n’était pas d’accord. Quand je l’ai réveillé à quatre heures et demi, il m’a traitée de psychopathe et a décrété qu’il restait sur le lit pour garder la bouillotte. On ne voudrait quand même pas qu’elle se sente abandonnée…
  2. Ils ne sont bien sûr pas que là. C’est seulement un exemple.

6 comments for “Mais qui se soucie des sols ? (partie 3)

  1. 30 mai 2018 at 10 h 19 min

    Bonjour Philomenne,

    je suis ravie de vous lire à nouveau.
    J’apprends même qu’une petite pause ” maintenance informatique ” peut avoir du bon ,-). À ce propos, je trouve très utiles les dernières modifications effectuées ci-dessous.

    Mon petit doigt me dit que votre travail depuis plusieurs années portera lui aussi bientôt ses fruits. J’ai pensé à vous ces derniers temps car la prise de conscience fait son chemin. Il faut continuer car ce n’est pas, par exemple, parce que le projet de l’aéroport de Notre Dame des Landes a été abandonné qu’il n’y a plus rien à faire : un pas en avant en appelle d’autres et c’est sur le temps long que les bonnes choses s’inscrivent.

    Je me réjouis beaucoup de vous ” revoir ” et de vous lire.

    Salutations amicales,

    Pauline

    • Philomenne
      3 juin 2018 at 14 h 57 min

      Merci. C’est vrai, OVH m’a demandé d’ajouter quelques verrous permettant d’éviter un autre piratage. J’avais sans doute été un peu imprudente, par méconnaissance du risque, et je dois dire que recevoir un mail annonçant que l’hébergement a été fermé n’est pas très agréable (et vive les amis informaticiens !). Je promets de ne plus m’agacer des captcha, maintenant que je connais leur intérêt.
      C’est gentil de penser à moi, salutations amicales également.

  2. Alan
    6 juin 2018 at 20 h 56 min

    C’est vrai que le monde agricole est encore extrêmement masculin, mais il est quand même assez ouvert, en particulier aux personnes compétentes : il faut voir une intervention de Sarah Singla devant un parterre masculin ; quand vous discutez après l’intervention, on discute encore de son contenu pour en tirer toutes les informations tellement c’était riche. Bref, la féminisation du monde agricole avance lentement, et elle fait du bien, parole d’homme.

    • Philomenne
      6 juin 2018 at 21 h 41 min

      C’est vrai, je n’ai que très rarement vu de réaction d’hostilité vis-à-vis des femmes et jamais à BASE (et je ne le dis pas QUE pour leur faire plaisir). C’est juste qu’il y a une répartition des rôles qui est encore très genrée.

  3. Bob Neurone
    2 novembre 2018 at 1 h 32 min

    Bonjour,
    Je suis allé récemment en Andalousie où existe la culture ex+in-tensive de l’olivier. Les milliers d’hectares de plantations d’olivier montrent des sols dénués de toute végétation entre les arbres espacés de 5 mètres avec une régularité parfaite afin de laisser l’espace nécessaire à la croissance et au passage des machines pour l’épandage phytosanitaire massif et à la récolte. Je me suis un peu documenté sur internet et il apparaît que ces sols nus sont maintenant menacés de destruction à cause de l’érosion puisque l’eau y ruisselle sans être retenue par aucune végétation, le relief des oliveraies étant fait essentiellement de collines. Une recherche est en cours à l’université de Cordoue je crois pour trouver des techniques de protection des sols. L’élimination totale des herbes avait initialement pour motivation d’éviter la concurrence pour l’eau entre les arbres et l’herbe. C’est un exemple de simplification à l’extrême d’un processus agro-industriel produisant des effets collatéraux non anticipés. Ici c’est la pérennité du sol qui est en jeu.
    Bob

    • Philomenne
      11 novembre 2018 at 11 h 36 min

      Merci pour votre commentaire, qui s’était inexplicablement retrouvé dans les spams, ce qui explique sa publication tardive.

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